Nous nous permettons d’emprunter l’explication extrêmement pédagogique de Nicolas Petit :
L’effet placebo est connu depuis l’Antiquité [1] : c’est cet effet positif qu’on peut observer après n’importe quel acte thérapeutique, indépendamment de l’efficacité propre à l’acte en lui-même. Par exemple, pour traiter une douleur, l’administration d’une substance parfaitement neutre comme du sucre ou de l’eau provoque une amélioration. Et ce, non par effet de cette substance en elle-même, mais par différents effets psycho-physiologiques non-spécifiques induits par le traitement. C’est un effet largement observé en médecine, sur des manifestations subjectives comme les nausées ou la douleur, mais aussi sur des signes cliniques observables et biologiques [3] (pression artérielle, libération de dopamine dans le cerveau, etc.). Ce que nous savons, c’est que l’effet placebo est imputable, au moins en partie, à la situation de soin elle-même, au contexte. L’effet placebo varie ainsi selon la relation entre le médecin et le patient, ou selon les attentes du patient [6]. L’effet placebo est par exemple plus important si on sait que le traitement est cher [7]. Quoi qu’il en soit, c’est un effet très robuste, observé non seulement chez des patients en attente d’un traitement mais aussi chez des volontaires sains sans problème particulier [8].
Conclusion : même si un dispositif n’a aucune efficacité propre, il peut induire un effet positif sur la personne, du simple fait de la situation thérapeutique qui l’entoure C’est pour cette raison qu’il est capital, si on souhaite déterminer l’efficacité propre d’un dispositif, de comparer ses effets à ceux produits par un dispositif qu’on sait neutre mais qui est proposé dans la même situation que le traitement. On appelle ce traitement neutre le placebo, et on parle alors d’essai contrôlé, parce que le groupe « test » est comparé à un groupe contrôle qui reçoit le placebo.
[1] Patrick Lemoine, Le mystère du placebo (1996) aux éditions Odile Jacob
[2] De la Fuente-Fernández et al(2001). Expectation and dopamine release: mechanism of the placebo effect in Parkinson's disease. Science, 293(5532), 1164-1166).
[3] Stone, D. A et al, (2005). Patient expectations in placebo‐controlled randomized clinical trials. Journal of evaluation in clinical practice, 11(1), 77-84.
[4] Espay, A. J. et al. (2015). Placebo effect of medication cost in Parkinson disease: a randomized double-blind study. Neurology, 84(8), 794-802.
[5] Rosenzweig, P. et al. (1995). The placebo effect in healthy volunteers: influence of experimental conditions on physiological parameters during phase I studies. British journal of clinical pharmacology, 39(6), 657-664.