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Lunettes pour la dyslexie : que nous disent les études sur leur efficacité ?

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Lunettes pour la dyslexie : que nous disent les études sur leur efficacité ?

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Lunettes pour la dyslexie : que nous disent les études sur leur efficacité ?

Lunettes pour dyslexiques : découvrez ce que les chercheurs français révèlent sur l'efficacité des lunettes électroniques et connectées pour améliorer la lecture des enfants dyslexiques.

Lunettes pour la dyslexie : que nous disent les études sur leur efficacité ?

Vous ou votre enfant êtes dyslexique et vous aimeriez savoir si vous devez acheter un dispositif d'aide à la lecture. Après les lampes stroboscopiques, ce sont les lunettes pour dyslexiques qui sont apparues sur le marché. La start-up Abeye a imaginé les lunettes Lexilens® commercialisées par la marque Atol depuis 2020. Ces montures optiques permettent-elles vraiment de faciliter la lecture des personnes dyslexiques ? Poppins vous invite à vous forger votre opinion à partir des données de la recherche.

Comment fonctionnent les lunettes pour la dyslexie ?

Suite à des travaux scientifiques publiés en 2017, une lampe stroboscopique à LED a été commercialisée, afin d'aider les personnes dyslexiques quand elles lisent un livre.

Ensuite, l'entreprise Abeye a développé les lunettes électroniques Lexilens® en utilisant une technologie basée sur une lumière pulsée dans l'œil. L'objectif est de recréer le mécanisme d'œil directeur, qui serait déficient chez les personnes dyslexiques. Or, cette affirmation est sujet à controverse.

La lumière scintillante a-t-elle un rôle bénéfique, au-delà d'un simple effet reposant et relaxant ? Certains scientifiques émettent des réserves sur ces objets connectés, et indiquent que leurs effets sur la santé n'ont pas été suffisamment étudiés.

Quelle est la vision d'un dyslexique ?

Lors de l'apprentissage de la lecture, les enfants présentant une dyslexie ont du mal à distinguer les lettres similaires. En effet, certaines lettres ont des formes proches (b/d, p/q), d'autres évoquent des sons qui se ressemblent (d/t, v/f). Chez le normo lecteur, le cerveau recycle les zones visuelles (l’aire des formes visuelles des mots) qui se spécialisent pour différencier les lettres proches visuellement notamment à travers le geste d’écriture. Chez les personnes dys, cette spécification ne s’opère pas : les personnes dyslexiques traitent ces lettres comme des images. Il y a risque de confusion lié à un effet d'image miroir : les lettres se mélangent, ce qui complique l'identification des sons, la correspondance graphème-phonème et la lecture des syllabes et des mots.

Pour contrer cet effet visuel d'image miroir, les lampes et lunettes électroniques modifient la lumière, afin d'agir sur la perception des lettres par le cerveau.

De nombreux orthophonistes sont réservés sur l'usage de ces dispositifs d'aide à la lecture. Certaines personnes dyslexiques, qui ont une grande composante neurovisuelle, pourraient peut-être trouver une aide avec ces lunettes. Mais cela ne dispense pas de traiter l'atteinte phonologique par des séances régulières de rééducation.

De leur côté, certains ophtalmologues assimilent les montures Lexilens® à des gadgets. Pour eux, aucun miracle ne doit être attendu de ces outils, dont l'efficacité et l'innocuité restent à prouver. De plus, elles ressemblent à des verres solaires mais ne présentent aucune protection anti-UV.

Enfin, ces lunettes ne sont pas efficaces dans une pièce éclairée par des néons, ce qui est le cas dans la plupart des salles de classe.

Quel est le prix des lunettes pour dyslexique ?

Les lunettes Lexilens® sont commercialisées chez les opticiens Atol, où il est possible d'aller les essayer. Le modèle destiné aux enfants coûte 399 euros. Pour un adulte, il faut débourser 449 euros. En France, ce dispositif n'est pris en charge ni par la sécurité sociale ni par les mutuelles, mais certaines MDPH (Maisons départementales des personnes handicapées) pourraient participer aux frais engagés.

Par ailleurs, le directeur des opticiens Atol précise que les lunettes connectées sont destinées aux personnes ayant un diagnostic de dyslexie confirmé. Le modèle Lexilens® n'a aucune utilité pour les enfants ou adultes souffrant d'autres troubles des apprentissages, comme la dysorthographie ou la dyscalculie.

Que penser des lampes et des lunettes pour dyslexiques ?

Les chercheurs français sont partagés sur l'intérêt des lunettes connectées vendues chez les opticiens Atol pour aider les personnes présentant une dyslexie.

Quelle est la découverte des deux physiciens à l'origine des lunettes ?

L'idée des lunettes Lexilens® est née après une publication scientifique relative aux travaux d'Albert Le Floch et Guy Ropars, deux physiciens français exerçant à Rennes. Ces chercheurs ont étudié la physionomie de l'œil des personnes dyslexiques. Ils ont constaté que la zone centrale située dans la rétine (tache de Maxwell ou fovea) était identique dans les deux yeux. Cette similitude entraînerait une image en miroir : lors de la lecture, le cerveau ne sait plus quelle information privilégier entre l'œil droit et l'œil gauche. Chez les sujets témoins, en revanche, les taches sont différentes. L'un des deux yeux est dominant : il dicte au cerveau ce qu'il voit, ce qui facilite l'identification des lettres et des mots.

Quels sont les résultats des études sur l'efficacité des lunettes pour dyslexiques ?

Deux hypothèses principales sont évoquées par les chercheurs pour expliquer les difficultés d'apprentissage causées par la dyslexie :

  • un déficit visuel qui provoquerait un mélange des lettres vues quand leurs formes se ressemblent (b/d, p/q) ;
  • un déficit phonologique qui entraînerait une difficulté à automatiser la conversion graphème-phonème et, parfois, une confusion entre deux lettres qui correspondent à des sons proches (s/z, t/d).

À l'heure actuelle, la communauté scientifique valide la deuxième hypothèse : elle affirme que les difficultés d'apprentissage de la lecture sont davantage liées à un trouble de traitement du langage, plutôt qu'à un trouble visuel. Ce consensus amène à remettre en question la légitimité des lampes et des lunettes connectées.

Doit-on investir ou pas dans des lunettes Lexilens® ?

En tant que parent, vous pouvez être tenté d'acheter des lunettes électroniques pour votre enfant dyslexique. Si ce dispositif pouvait l'aider à faire des progrès en lecture, ce serait formidable, n'est-ce pas ? Vous avez peut-être lu des témoignages sur Internet qui parlent de gain d'autonomie et d'une plus grande confiance lors des apprentissages. Attention, ces constats peuvent être liés à un effet placebo. Avant de vous engager, prenez le temps d'échanger avec l'orthophoniste qui suit votre enfant et gardez en tête que ces lunettes ne sont pas une solution miracle.

En 2021, le conseil scientifique de l'Éducation nationale publiait une note dont voici un extrait : « Concernant les lampes et les lunettes inspirées par cette hypothèse, elles n’ont pas fait l’objet d’études rigoureuses établissant leur efficacité ».

En bref

Les lampes et lunettes pour dyslexiques ont vu le jour après la publication de travaux scientifiques sur la structure de l'œil. Elles utilisent une lumière scintillante, censée faciliter la lecture. Cependant, il n'existe aucune preuve de leur efficacité. La dyslexie est causée, avant tout, par une déficience phonologique, sur laquelle ces dispositifs n'ont aucune prise. La rééducation chez l'orthophoniste est indispensable pour aider votre enfant à progresser.

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